Les journalistes sont fâchés. Le syndicat qui les représente adresse régulièrement messages et communiqués tant aux instances gouvernementales qu’au public, pour faire valoir ses droits et revendications.Dans certains médias et établissements, c’est une guerre ouverte avec la hiérarchie administrative. En clair, la profession n’est pas contente et elle le fait savoir.
Les journalistes tunisiens considèrent que leurs acquis sont en train d’être rognés chaque jour un peu plus. La liberté éditoriale, leur situation matérielle et les conditions d’avancement en grade, tout va mal.
C’est incompréhensible pour un pays qui a fait sa révolution pour remettre en selle un secteur, la presse et les médias, parmi les plus lésés aux temps, espérons à jamais, révolus.
Jaloux de leur liberté et de leur quatrième pouvoir gagné comme un trophée, les journalistes ne comptent pas en concéder un petit bout. Ils savent d’expérience que commencer à céder, c’est ouvrir la porte aux compromis, voire aux compromissions. Leçon retenue, ils sont vent debout contre ce qu’ils considèrent comme des incursions du pouvoir sur leurs plates-bandes.
Il faudra ajouter, pour être juste, que contrairement au passé, ce n’est point un régime autoritaire qui muselle les bouches et censure. Autrement dit, des pratiques institutionnelles décrétées par le sommet. Mais davantage des dérives isolées, qu’il faudra traiter au cas par cas. Croyant bien faire, certains responsables font les gendarmes. Ils sont à l’origine de pratiques,certes condamnables à l’endroit des journalistes, mais circonscrites et ponctuelles qui témoignent du zèle de leurs auteurs et certainement d’une étroitesse de vue. C’est l’histoire des vieux réflexes qui remonte à la surface.
Or, les temps ont changé, manifestement ceux-là ne l’ont pas compris. Dans l’introduction de la Charte de Munich de 1971, considérée comme une Déclaration universelle des devoirs et droits des journalistes, y est stipulé : «Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain. De ce droit du public à connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des droits des journalistes».
Il est totalement improductif donc de vouloir exercer de l’ascendant sur une rédaction. Un espace qui est mû par un fonctionnement propre, qui a ses exigences, ses valeurs, ses objectifs et même ses horaires. Les journalistes ont une mission, parmi les plus nobles qui soient. Laissons-les s’en acquitter comme il se doit.